Témoignages / Les idées reçues (suite)


S'il arrive, de façon isolée, que quelque marin se laisse aller à exprimer une envie vagabonde (j'oubliais de préciser que je suis une femme), ma foi, la belle affaire, c'est chose bien naturelle : Il s'excuse et se reprend bien vite. Jamais aucun ne m'a manqué de respect. En vérité, je vous le dis : une femme, si toutefois elle a à craindre, a plus à craindre des terriens que des marins. Une femme, ce peut être tentant, certes, mais c'est surtout LA femme, mère, sœur, de la douceur dont ils sont privés pendant des mois.

Non seulement les hommes de mer sont respectueux, car ils connaissent la valeur d'instants rares et précieux, mais jamais au grand jamais je n'ai autant reçu de reconnaissance de ma vie. Leur joie, leur plaisir sont ma récompense, et ils sont prodigues à les exprimer.

Alors, terriens, terriennes, prenons plutôt exemple sur cette troisième espèce (Aristote ne disait-il pas : « sur terre, il y a trois espèces, les vivants, les morts et ceux qui vont sur l'eau ») et sachons nous réjouir des différences, des moments de partage, de joie qui surviennent, et louer qui nous les offre, comme sont prompts à le faire les marins que nous accueillons en escale.

Et cessons une fois pour toute de nous défier, voire de craindre celui qui est différent, car nous sommes chacun potentiellement différent de l'Autre. Ouvrons-nous à la diversité car nous appartenons tous à la même mosaïque humaine... et combien elle est belle !

Dominique, bénévole puis permanente au foyer des marins de Bayonne